Dans un contexte soudainement bien morose...
Hasard de l'actualité en matière économique, l'édition liégeoise de l'expo-action "Dernier rappel avant poursuites" se tenait au moment même où tombait la confirmation d'une nouvelle qui était dans l'air, combien dramatique pour toute la région : la direction d'ARCELORMITTAL venait d'annoncer la fermeture définitive de la "phase à chaud", soit des hauts-fourneaux et de l'aciérie.
Dans un bassin sidérurgique déjà fortement touché par la crise, des sites industriels tels que ceux de SERAING, OUGREE et une partie de CHERTAL se voyaient brutalement frappés de plein fouet, avec pour conséquence immédiate que des milliers d'emplois, directs et indirects, se retrouvaient gravement menacés.
Au cours d'une initiative de prévention destinée à lutter contre le surendettement, ce genre d'informations venait tristement à point nommé pour illustrer une problématique individuelle, à savoir les conséquences désastreuses que de tels cataclysmes sociaux peuvent engendrer dans le quotidien des ménages.
Car si les visiteurs d'un jour du DRAP's étaient invités à endosser symboliquement l'une ou l'autre identité, fort stéréotypée parce que résumée dans quelques grandes lignes de force, l'une d'entre elles était précisément ce parcours typique d'une personne perdant son emploi.
Appelée non sans surprise à exercer de nouvelles fonctions - fort rémunératrices - dans son entreprise, elle se retrouvait tout aussi brusquement privée de revenus, pour cause d'une délocalisation de cette même société vers un pays où la main-d'oeuvre est beaucoup moins coûteuse.
"Accident de la vie"...
Au départ, l'itinéraire de la personne était plutôt confortable : une belle lettre de promotion reçue de la BARROW, PARKER & CLYDE, c'était une aubaine dont elle pouvait prendre connaissance en compagnie du brave facteur VICTOR, qui n'était jamais avare en compliments devant une telle consécration.
"Rien à voir avec un salaire à la Poste", se plaisit-il à rappeler.
Quitte à s'inviter chez elle, pour prendre un "bon petit café", histoire de fêter dignement une aussi bonne nouvelle.
Souvent, le banquier VAN BERNIER s'en mêlait, flairant la clientèle de choix, solvable et prête à s'endetter corps et âme.
Étaient-ils de connivence ?
Non, sans doute, mais à force de côtoyer les mêmes clients, cela forgeait une certaine familiarité, ce qui facilitait d'autant les affaires du second.
Dans une telle euphorie, la chute rapide ne pouvait être que très brutale, surtout lorsque Madame Bérengère DUPLAT annonçait par la suite, sans trop de ménagement, que la même société avait décidé de s'installer en Thaïlande, là où la main-d'oeuvre était "beaucoup moins chère".
L'occasion selon elle de prendre un nouveau départ.
En commençant par aller s'inscrire à la CAPAC...
Heureusement qu'il y avait une deuxième facteur, EMILE, homme de ressources dans de telles circonstances mais qui, fort de son expérience, restait bien inquiet pour la suite...
(à suivre)
Texte et photos Dominique VANESPEN