Que serait notre monde moderne sans une bonne salle d'attente ?
A l'heure où tout notre temps - qu'il soit "libre" ou "professionnel" - est systématiquement fractionné, chronométré et saucissonné jusqu'à des dimensions infinitésimales, voire même lorsqu'il devient une donnée quasiment inexistante, malgré la distance entre deux continents par exemple, la réflexion préalable n'est pas nécessairement une valeur sûre, du moins lorsqu'il s'agit de ne pas commettre l'irréparable.
Face à cette dimension, dans l'organisation d'une expo-action telle que "Dernier rappel avant poursuites", il avait bien fallu composer avec différents impondérables, en ce compris une contrainte d'ordre chronologique.
Dans ce contexte, notre travail d'équilibriste le plus délicat avait consisté à faire s'entrecroiser, dans un espace relativement clos, des visiteurs effectuant trois "parcours de vie", différents certes mais qui les mèneraient tous - avec des variantes et quelques nuances -, à travers des étapes successives telles que les logements du départ, l'agence Flash Bank, l'espace "Shopping Paradise", le tribunal, les "logements insalubres" et (enfin, mais non le moindre) l'espace administratif, avec les services de l'ONEM et le service de médiation de dettes.
A certains moments d'affluence, toute la virtuosité des acteurs du Magic Land Théâtre pour guider les participants, voire pour les intercepter afin de les remettre le cas échéant sur le droit chemin, n'allait pas suffire.
A proximité de la banque, du faux palais de Justice mais aussi - surtout ! - en face de l'espace administratif, quoi de plus naturel donc pour nous que d'avoir installé des sièges - chaises ou "bancs publics" -, afin de permettre d'assurer un rôle nécessaire tampon qui, à l'expérience, se sera révélé plus qu'utile.
Mais d'un autre côté, faire patienter, voire laisser languir quelque peu ces mêmes visiteurs de l'expo-action n'était-il pas une composante majeure, une dimension incontournable de l'enseignement à leur transmettre, tant la chute vers les heurts du surendettement complique, voire complexifie, une existence qui n'est au demeurant jamais simple dès le départ ?
Nombreux auront ainsi été celles et ceux qui se virent contraints de temporiser, parfois bien forcés de lire les contrats quils avaient signés à la hâte et sans trop y prendre garde, ou les désagréables courriers de rappels et autres actes d'huissiers de Justice.
Puisqu'il est de notoriété publique qu'il existe d'innombrables manières de gérer son temps.
Aussi bien pour le gagner (parfois), que pour le perdre.
Plus souvent encore...
Texte et photos Dominique VANESPEN